Imagerie fantasmée et dégradée d'un de mes orgasmes
Mission accomplie, je me rassemble.
Après le temps d’une suractivité assommante, vient celui de la détente. Pleine d’une réalisation intense et vide d’un sentiment de fourvoiement, je suis épuisée. Et j’ai du temps, j’ai le temps, maintenant. Le temps de la rêverie, le temps de l’introspection, le temps du rangement. Le temps de l’ouverture et du regard sur le monde également…
Le monde, ce monde-humanité au-delà de l’amour-écran qui m’alimente…
Celui-là dans lequel je cherche l’essentiel ; cet essentiel qui me rassemble, qui me condense en un être parmi l’incroyable constellation de corps et d’esprits qui peuple et qui articule l’ensemble chaotique de la vie. Cet essentiel qui me fait un parmi les autres, un avec les autres, à la fois discordants et pourtant sans cesse entremêlés, réconciliés. Ainsi, je voudrais comprendre, saisir, embrasser les arcanes des tréfonds de l’existence. Je voudrais pénétrer ses vérités secrètes, ses énigmes aussi tentaculaires qu’universelles… Et ses forces… Ses forces qui font que le temps existe, que la chair palpite, que rien n’est immobile… Jamais, oh non jamais !
Et puis, soudain, mon regard prend sa source si loin que j’aperçois tout à coup une étincelle d’absolu furtivement dévoilée.
Bam ! Un point d’orgue, une clé de voute en pleine figure ! Et je jouis… Oh oui, je jouis !
Une fois encore, je viens de goûter, de m’enrouler à un filin essentiel.
Et ce lien-liant n’est autre qu’une extase irrésistible : la jouissance sexuelle. Celle-là par lequel nous échappons un instant à notre finitude pour effleurer une dimension autrement inaccessible, du sublime et de la puissance libérée et libératrice de notre condition double et limitée d’être fini.
Me voilà subjuguée, fascinée.
Dès lors, je me retrouve plongée dans l’obsession de vouloir étreindre ce mystère prodigieux. Pourtant, de mes expérimentations multiples, je reste sans cesse interdite face à l’innommable. Seules les sensations encrées en moi, et qui cependant disparaissent vites, me laissent emprunte d’impressions lumineuses et abstraites.
Je voudrais partager, représenter, cette magie ressentie. Et tandis que je reste sous l’œil de l’homme-camera, je cherche à mon tour à capter, à capturer et à rendre au monde par des effets de synesthésies cet étrange phénomène.
Alors je m’enregistre, et je teste sur des inconnus. Je cherche en rebond à vérifier les effets perceptibles d’une empreinte dérivée. Et à nouveau, mes actes font sens. Sens lien-liant de l’être au firmament qui n’est plus celui du plaisir, de la contemplation ou de l’extase, mais celui, bien plus simple, du partage…
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Extraits des retours des cobayes après l'écoute de la bande son orgasmique
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