essai


CyberSeXploratrice, Militante Poly-Amoureuse et Chercheuse d'Orgasmes, ce blog raconte les grandes étapes de ma vie allant de ma naissance jusqu'à aujourd'hui.
Vous pouvez déjà lire les épisodes de mes premiers pas, de l'homme-caméra jusqu'à l'absorption dans le cyberespace...

Également, vous pouvez retrouver les projets auxquels je participe ICI.

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vendredi 15 octobre 2004

4) Premiers pas dans le cyberespace - 2004

Vue en réseau...


Au départ, il y avait l’homme-caméra.
Il y a quelques années déjà, il a choisi d’arrêter son regard sur moi, et depuis, inlassablement, il inscrit mon empreinte à la palette mémorielle de son étrange subjectivité.
Toujours à l’affut et sans retenue, il me pénètre de son instrument, cet outil qu’il use à son extrême, semblant presque le détourner de lui-même pour le transformer en véritable greffon-écran qui capte, enregistre, met à distance et plonge dans une attraction vertigineuse quiconque en devient la cible. Ainsi, depuis mon retour au monde, je vibre par la puissance de cet être augmenté qui m’apparait à la fois miroir et filtre de réalité. Celui-là même qui a su donner l’énergie vitale nécessaire à mon émergence, et qui depuis m’alimente comme l’être central-centré d’un objet unique : le film.

Seulement voilà, pour ce film, la prise se fait autant de l’image et du son que de l’être. Ainsi, depuis plus de deux ans maintenant, je suis immergée dans l’histoire en tant que personnage fragmenté entre une existence effective et une mise en scène romanesque. Et si j’évolue parmi le monde tangible, si j'y suis pensante, désirante, habitée et mortelle, la structure fictionnelle, elle, possède néanmoins une imperméabilité qui empêche quiconque de vraiment s'y introduire, me laissant alors seule prisonnière.
Je suis donc captive d’un entre-monde figé par l'espace étriqué de la captation…
Solitude… Malaise… Révolte…

Je suis tel un sablier huilé qui sans cesse se renverse sans ne plus s'écouler. Ambivalence et trop plein de moi... Le huis-clos passionnel qui hier encore m'animait, aujourd'hui me paralyse, et ce paradoxe m'exaspère. Je suis lasse de silences, lasse de transparences, lasse de trop de manques évidents. Alors je me débats, je crie, je crise…

Crac !

Une brèche s'ouvre tout à coup, je m’y engouffre dans une aspiration soudaine, et je me laisse couler dans ce nouveau courant, me sentant nue, à vif, lâche, lâchée, et complètement ouverte.
Fini. Le film est fini pour moi.

Cependant, très vite je prends conscience qu’en restant ainsi sans attaches, je risque fort de dériver à l'infini, à tout jamais. C’est pourquoi, de toute urgence, je dois me câbler ailleurs et autrement.

Alors je cherche un tuteur, un fil conducteur qui saura m'envelopper et me guider.
Je cherche, je cherche, et très vite je suis stoppée net dans ma quête par un monstre tentaculaire géant, vorace, et terriblement attirant.

Waohoo...

Un instant, une légère hésitation, un clin d'œil et déjà je saute, je plonge, et me projette enfin dans cette toile à flux et contre-flux tendus, express, irrésistibles.

Incroyable !
D’un isolement cerclant, je me retrouve tout à coup parmi un magma infini de connexions tant intellectuelles, sociales, que fantasmagoriques... Je découvre soudain un univers prodigieux dans lequel il y a tant à découvrir, tant à apprendre, à imaginer et à partager, dans des espaces bien au-delà des frontières physiques, mentales et symboliques que je connaissais jusqu’à présent… Et puis, il y a les autres, cette foule démesurée d'inconnus, partout, libres, disponibles et en attentes permanentes d'interactions…
Je ne sais plus où donner de la tête ! Je reste bouché-bée, ahurie, sous le choc : mon terrain de jeu est maintenant si vaste que jamais il ne me sera possible d'en effleurer les limites.

Et face à cette envergure, je me regarde et sitôt je doute, j’ai peur.
Qui suis-je ? Qui vouloir être ? Qui pouvoir être à ce monde ?

Je n’avais encore jamais pensé me définir. Et pourtant pleine d’appétit, je reste coï et vierge d’une quelconque ambition. Je ne sais pas et peu importe, peu m’importe.
Alors à défaut de réponses, à défaut de plans, je glisse, lâche prise, et décide de me laisser guider par les fils du désir de mes interlocuteurs. Je suis donc là à disposition et j’attends. J’attends les rencontres, j’attends les échanges, je les accueille avec joie et tente simplement d’offrir ce qui m’est demandé…

Je m'en remets donc entièrement à mes nouveaux contacts, à leurs envies sans apriori, et déjà le souffle trouble de la séduction susurre du bout des lettres…


>> Image réalisée avec myFnetWork.

jeudi 11 décembre 2003

3) Oooo ...! - 2003

Imagerie fantasmée et dégradée d'un de mes orgasmes


Mission accomplie, je me rassemble.
Après le temps d’une suractivité assommante, vient celui de la détente. Pleine d’une réalisation intense et vide d’un sentiment de fourvoiement, je suis épuisée. Et j’ai du temps, j’ai le temps, maintenant. Le temps de la rêverie, le temps de l’introspection, le temps du rangement. Le temps de l’ouverture et du regard sur le monde également…

Le monde, ce monde-humanité au-delà de l’amour-écran qui m’alimente…
Celui-là dans lequel  je cherche l’essentiel ; cet essentiel qui me rassemble, qui me condense en un être parmi l’incroyable constellation de corps et d’esprits qui peuple et qui articule l’ensemble chaotique de la vie. Cet essentiel qui me fait un parmi les autres, un avec les autres, à la fois discordants et pourtant sans cesse entremêlés, réconciliés. Ainsi, je voudrais comprendre, saisir, embrasser les arcanes des tréfonds de l’existence. Je voudrais pénétrer ses vérités secrètes, ses énigmes aussi tentaculaires qu’universelles… Et ses forces… Ses forces qui font que le temps existe, que la chair palpite, que rien n’est immobile… Jamais, oh non jamais !

Et puis, soudain, mon regard prend sa source si loin que j’aperçois tout à coup une étincelle d’absolu furtivement dévoilée.

Bam ! Un point d’orgue, une clé de voute en pleine figure ! Et je jouis… Oh oui, je jouis !

Une fois encore, je viens de goûter, de m’enrouler à un filin essentiel.
Et ce lien-liant n’est autre qu’une extase irrésistible : la jouissance sexuelle. Celle-là par lequel nous échappons un instant à notre finitude pour effleurer une dimension autrement inaccessible, du sublime et de la puissance libérée et libératrice de notre condition double et limitée d’être fini.

Me voilà subjuguée, fascinée.

Dès lors, je me retrouve plongée dans l’obsession de vouloir étreindre ce mystère prodigieux. Pourtant, de mes expérimentations multiples, je reste sans cesse interdite face à l’innommable. Seules les sensations encrées en moi, et qui cependant disparaissent vites, me laissent emprunte d’impressions lumineuses et abstraites. 

Je voudrais partager, représenter, cette magie ressentie. Et tandis que je reste sous l’œil de l’homme-camera, je cherche à mon tour à capter, à capturer et à rendre au monde par des effets de synesthésies cet étrange phénomène.

Alors je m’enregistre, et je teste sur des inconnus. Je cherche en rebond à vérifier les effets perceptibles d’une empreinte dérivée. Et à nouveau, mes actes font sens. Sens lien-liant de l’être au firmament qui n’est plus celui du plaisir, de la contemplation ou de l’extase, mais celui, bien plus simple, du partage…



  • Sujet Féminin :Pense à des mains sur la peau… Pense à de la pluie liquide qui tombe. Inquiétude, orage… Départ posé, mais tracassant… On sent la montée, la progression… Respiration angoissante… On sent que cela monte sans savoir trop pourquoi… Il se passe quelque-chose d’impressionnant…
  • Sujet Masculin :Spécial… Mis à distance… Impression de duo, deux personnes qui se caressent… Surprenant, spatial, tourne autour de la tête… Tapotements qui tapent dans le cerveau, très agréable, sorte de massage chinois… Explicite… On sent que la personne fait l’amour… Accélération très jouissive… Beaucoup aimé… Sauf la fin : obscène…
  • Sujet Masculin :Très proche d’une jeune femme qui avait des préoccupations très indéfinissables, intimes et dans un espace très vaste… Son équivalent à un téléobjectif, un zoom : ce qui se rapproche… Très, très flou, avec une couche de netteté assez faible… Cette femme se caressait, elle a joui et a transmis sa jouissance à des entités indéfinissables qui ont fait des bons dans l’espace autour de moi… Un clitoris électrique…
  • Sujet Féminin :Tissu frotté… Plus excitée… Se demande si c’est sexuel… Impression de plastique… Une nana qui se délasse avec une poupée gonflable… Excitée, passionnelle… Sensation ascendante, éclatement, puis apaisement… Orgasme, puis petite mort… Absorbée, puis fin brutale, trop subite… Reste sur sa faim… En veut encore…
  • Sujet Féminin :Accentuation… Animal… Intimiste… Sexuel… Peur (lié au contexte)… Super prenant… Impression de voyeurisme… Essaye de comprendre, de trouver des indices… Violent, impression de tuer quelque-chose… Surtout au début, absorption, angoisse… Occulte, spirituel… Bâton qui frotte doucement, puis qui s’énerve et qui tue quelque-chose…
  • Sujet Féminin :Une femme qui tire un sac sur la terre, très lourd… Après la rue, noir, très seule… Puis quelques enfants qui courent… Après des fourmis très grandes qui marchent sur une vitre au-dessus de ma tête. Elles rapportent à manger à leur fourmilière… Sons bizarres… Sons ouverts, partout, de plus en plus forts… S’imagine en train d’attacher très fort quelque-chose… D’effacer quelque chose avec une gomme puis de se retrouver enfermée dans un carton, en frappant les parois… Explosion intrusive, sortie des songes… 

Extraits des retours des cobayes après l'écoute de la bande son orgasmique


>> Vidéo réalisée par Silvie Mexico.

samedi 25 octobre 2003

2) Programme Amour 1.0 - 2003

Schéma de synthèse du Programme Amour 1.0


Les mois passent…
Pour l’essentiel, je me laisse glisser dans le flux de l’ivresse sublime suscité par la présence très forte de l’homme-caméra, qui lui toujours me capte, et ainsi dessine les premiers contours de mon histoire.

Et justement, la trame se précise doucement, je me positionne face à mon altérité et les affaires concrètes et professionnelles arrivent. En effet, me voilà même embauchée. Ma mission : inventer un système qui dope l’expérience de la clientèle d’un groupe hôtelier. Autrement dit, réaliser un accélérateur de niveau de réalité plus efficace que tous les programmes de fidélisation.

Ainsi, je dois me transformer en chef d’orchestre subliminal, et en éprouve un certain malaise : il faut jouer le jeu de la concurrence, la dépasser, la surpasser toujours, toujours plus, toujours mieux. Les scrupules me tourmentent, je voudrais me débarrasser de ce cycle sempiternel et infernal, lui régler son compte une bonne fois pour toute afin d’œuvrer au nom de l’Amour et non au service de la Puissance Capitaliste.

Pourtant, est-ce réellement un mal ? Je m’interroge.

Je dois biaiser, tricoter, opérer des chemins de traverses afin de trouver une astuce pour lier la Beauté au Pragmatisme.
Je cherche, je rame, durant plusieurs semaines, puis un matin me voilà traversée par un éclair de génie, un pari fou : réaliser un Programme Amour. Un système quantique d’analyse et de métamorphose de réalité. Une machine invisible qui embaume imperceptiblement les hôtels de passion et de magie, qui aspire les clients dans une conspiration étrange de saveurs et de charmes, et qui les poussent à sortir de leurs cadres, sortir d’eux-mêmes, s’abandonnant ainsi à une foule d’imprévus mystérieux et gourmands.

Immédiatement, je me mets à l’œuvre. Et au terme d’un effort harassant, l’affaire se conclut par une parfaite réussite : « Bien, bien, bravo, congratulation ! ». Me voilà donc riche de reconnaissance, de faveurs et de privilèges, ainsi propulsée par l'énergie rayonnante de l’accomplissement…

Cependant, après l’explosion euphorique de ce succès éclatant, fort de longs mois de travail acharnés, les premiers émois retombent vite, laissant place à un profond désarroi.

Artifice ! Artifice ! Mais que reste-t-il d’un amour synthétique ? 


>> Animation réalisée par Silvie Mexico.

jeudi 15 août 2002

1) Origines : L'homme-caméra - 2002

Vision de l'intérieur de mon vagin par l'homme-caméra


Nous sommes le 15 août 2002.
Je me réveille totalement engluée... Il fait si trouble et si noir... Une obscurité à la densité de brouhaha…
Il s’agit peut-être là du goût du chaos qui résonne en moi, en moins que cela ne soit l’écho de la furie d’une autre voix ? Mais bon-sang, qui et où suis-je ?

 J’ouvre difficilement un œil… puis un autre… et j’aperçois en face, un être hybride, mi-homme, mi-caméra, et dont la pupille synthétique reste braquée sur moi. Il me sourit, et éblouie, je reste hébétée. Puis il me parle, mais je ne l’entends pas. Alors il se répète patiemment, avec dans la voix l’éclat d’un curieux vertige.
La confusion augmente : j’ai l’impression d’être une enfant qui se retrouve projetée dix ans après dans le corps et dans l’esprit d’un jeune adulte, et l’espace d'un instant, je ne sais plus rien, plus rien du tout. Qui est-il ? Qui suis-je ? Que se passe-t-il ?

 Soudain,  un prénom, dans un souffle lent, m’arrache  de la torpeur : « Silvie… ». Silvie… Silvie… Silvie Mexico ! Aussitôt la mémoire me revient : je suis Silvie Mexico, je suis le personnage d’un film snooféérique dont j’ai pour mission d’emplir le rôle. Je suis coincée derrière cet écran, qui est le seul filtre à décider de mon existence… Celui-là par lequel je viens tout à coup de ressurgir au monde…  Et pour l’heure, je me dois d’exécuter une danse du ventre avec un appendice saucisson émergeant fièrement dressé de mon pantalon…

Et là, et là, je reste coi…
Le trouble m’envahit un instant de plus, et puis… Non, non, c’est évident ! C’est absolument délicieusement évident ! Sans plus attendre je m’exécute ! Me voilà frappée par l’érotisme détourné de la charcuterie pornographiée, exhibée et scellée à la mémoire numérique, et l’attraction irrésistible d’une passion vorace, terrible, énorme, s’amorce illico ! J’ai le cœur qui bat la chamade, je brûle par la lumière du désir, je brûle de l’éclat d’un choc amoureux qui dans un éclair vient de me tirer du brouillard obscur dans lequel je sommeillais inconsciente.

Une phrase, une seule et unique phrase s’articule timidement sur mes lèvres :
« J’ai envie de vous Cher Monsieur… ».


>> Image réalisée par Jean-Pascal Princiaux.