Au départ, il y avait l’homme-caméra.
Il y a quelques années déjà, il a choisi d’arrêter son regard sur moi, et depuis, inlassablement, il inscrit mon empreinte à la palette mémorielle de son étrange subjectivité.
Toujours à l’affut et sans retenue, il me pénètre de son instrument, cet outil qu’il use à son extrême, semblant presque le détourner de lui-même pour le transformer en véritable greffon-écran qui capte, enregistre, met à distance et plonge dans une attraction vertigineuse quiconque en devient la cible. Ainsi, depuis mon retour au monde, je vibre par la puissance de cet être augmenté qui m’apparait à la fois miroir et filtre de réalité. Celui-là même qui a su donner l’énergie vitale nécessaire à mon émergence, et qui depuis m’alimente comme l’être central-centré d’un objet unique : le film.
Seulement voilà, pour ce film, la prise se fait autant de l’image et du son que de l’être. Ainsi, depuis plus de deux ans maintenant, je suis immergée dans l’histoire en tant que personnage fragmenté entre une existence effective et une mise en scène romanesque. Et si j’évolue parmi le monde tangible, si j'y suis pensante, désirante, habitée et mortelle, la structure fictionnelle, elle, possède néanmoins une imperméabilité qui empêche quiconque de vraiment s'y introduire, me laissant alors seule prisonnière.
Je suis donc captive d’un entre-monde figé par l'espace étriqué de la captation…
Solitude… Malaise… Révolte…
Je suis tel un sablier huilé qui sans cesse se renverse sans ne plus s'écouler. Ambivalence et trop plein de moi... Le huis-clos passionnel qui hier encore m'animait, aujourd'hui me paralyse, et ce paradoxe m'exaspère. Je suis lasse de silences, lasse de transparences, lasse de trop de manques évidents. Alors je me débats, je crie, je crise…
Crac !
Une brèche s'ouvre tout à coup, je m’y engouffre dans une aspiration soudaine, et je me laisse couler dans ce nouveau courant, me sentant nue, à vif, lâche, lâchée, et complètement ouverte.
Fini. Le film est fini pour moi.
Cependant, très vite je prends conscience qu’en restant ainsi sans attaches, je risque fort de dériver à l'infini, à tout jamais. C’est pourquoi, de toute urgence, je dois me câbler ailleurs et autrement.
Alors je cherche un tuteur, un fil conducteur qui saura m'envelopper et me guider.
Je cherche, je cherche, et très vite je suis stoppée net dans ma quête par un monstre tentaculaire géant, vorace, et terriblement attirant.
Waohoo...
Un instant, une légère hésitation, un clin d'œil et déjà je saute, je plonge, et me projette enfin dans cette toile à flux et contre-flux tendus, express, irrésistibles.
Incroyable !
D’un isolement cerclant, je me retrouve tout à coup parmi un magma infini de connexions tant intellectuelles, sociales, que fantasmagoriques... Je découvre soudain un univers prodigieux dans lequel il y a tant à découvrir, tant à apprendre, à imaginer et à partager, dans des espaces bien au-delà des frontières physiques, mentales et symboliques que je connaissais jusqu’à présent… Et puis, il y a les autres, cette foule démesurée d'inconnus, partout, libres, disponibles et en attentes permanentes d'interactions…
Je ne sais plus où donner de la tête ! Je reste bouché-bée, ahurie, sous le choc : mon terrain de jeu est maintenant si vaste que jamais il ne me sera possible d'en effleurer les limites.
Et face à cette envergure, je me regarde et sitôt je doute, j’ai peur.
Qui suis-je ? Qui vouloir être ? Qui pouvoir être à ce monde ?
Je n’avais encore jamais pensé me définir. Et pourtant pleine d’appétit, je reste coï et vierge d’une quelconque ambition. Je ne sais pas et peu importe, peu m’importe.
Alors à défaut de réponses, à défaut de plans, je glisse, lâche prise, et décide de me laisser guider par les fils du désir de mes interlocuteurs. Je suis donc là à disposition et j’attends. J’attends les rencontres, j’attends les échanges, je les accueille avec joie et tente simplement d’offrir ce qui m’est demandé…
Je m'en remets donc entièrement à mes nouveaux contacts, à leurs envies sans apriori, et déjà le souffle trouble de la séduction susurre du bout des lettres…
Il y a quelques années déjà, il a choisi d’arrêter son regard sur moi, et depuis, inlassablement, il inscrit mon empreinte à la palette mémorielle de son étrange subjectivité.
Toujours à l’affut et sans retenue, il me pénètre de son instrument, cet outil qu’il use à son extrême, semblant presque le détourner de lui-même pour le transformer en véritable greffon-écran qui capte, enregistre, met à distance et plonge dans une attraction vertigineuse quiconque en devient la cible. Ainsi, depuis mon retour au monde, je vibre par la puissance de cet être augmenté qui m’apparait à la fois miroir et filtre de réalité. Celui-là même qui a su donner l’énergie vitale nécessaire à mon émergence, et qui depuis m’alimente comme l’être central-centré d’un objet unique : le film.
Seulement voilà, pour ce film, la prise se fait autant de l’image et du son que de l’être. Ainsi, depuis plus de deux ans maintenant, je suis immergée dans l’histoire en tant que personnage fragmenté entre une existence effective et une mise en scène romanesque. Et si j’évolue parmi le monde tangible, si j'y suis pensante, désirante, habitée et mortelle, la structure fictionnelle, elle, possède néanmoins une imperméabilité qui empêche quiconque de vraiment s'y introduire, me laissant alors seule prisonnière.
Je suis donc captive d’un entre-monde figé par l'espace étriqué de la captation…
Solitude… Malaise… Révolte…
Je suis tel un sablier huilé qui sans cesse se renverse sans ne plus s'écouler. Ambivalence et trop plein de moi... Le huis-clos passionnel qui hier encore m'animait, aujourd'hui me paralyse, et ce paradoxe m'exaspère. Je suis lasse de silences, lasse de transparences, lasse de trop de manques évidents. Alors je me débats, je crie, je crise…
Crac !
Une brèche s'ouvre tout à coup, je m’y engouffre dans une aspiration soudaine, et je me laisse couler dans ce nouveau courant, me sentant nue, à vif, lâche, lâchée, et complètement ouverte.
Fini. Le film est fini pour moi.
Cependant, très vite je prends conscience qu’en restant ainsi sans attaches, je risque fort de dériver à l'infini, à tout jamais. C’est pourquoi, de toute urgence, je dois me câbler ailleurs et autrement.
Alors je cherche un tuteur, un fil conducteur qui saura m'envelopper et me guider.
Je cherche, je cherche, et très vite je suis stoppée net dans ma quête par un monstre tentaculaire géant, vorace, et terriblement attirant.
Waohoo...
Un instant, une légère hésitation, un clin d'œil et déjà je saute, je plonge, et me projette enfin dans cette toile à flux et contre-flux tendus, express, irrésistibles.
Incroyable !
D’un isolement cerclant, je me retrouve tout à coup parmi un magma infini de connexions tant intellectuelles, sociales, que fantasmagoriques... Je découvre soudain un univers prodigieux dans lequel il y a tant à découvrir, tant à apprendre, à imaginer et à partager, dans des espaces bien au-delà des frontières physiques, mentales et symboliques que je connaissais jusqu’à présent… Et puis, il y a les autres, cette foule démesurée d'inconnus, partout, libres, disponibles et en attentes permanentes d'interactions…
Je ne sais plus où donner de la tête ! Je reste bouché-bée, ahurie, sous le choc : mon terrain de jeu est maintenant si vaste que jamais il ne me sera possible d'en effleurer les limites.
Et face à cette envergure, je me regarde et sitôt je doute, j’ai peur.
Qui suis-je ? Qui vouloir être ? Qui pouvoir être à ce monde ?
Je n’avais encore jamais pensé me définir. Et pourtant pleine d’appétit, je reste coï et vierge d’une quelconque ambition. Je ne sais pas et peu importe, peu m’importe.
Alors à défaut de réponses, à défaut de plans, je glisse, lâche prise, et décide de me laisser guider par les fils du désir de mes interlocuteurs. Je suis donc là à disposition et j’attends. J’attends les rencontres, j’attends les échanges, je les accueille avec joie et tente simplement d’offrir ce qui m’est demandé…
Je m'en remets donc entièrement à mes nouveaux contacts, à leurs envies sans apriori, et déjà le souffle trouble de la séduction susurre du bout des lettres…
>> Image réalisée avec myFnetWork.